Les membres du CHSCT constatent depuis plusieurs mois des situations de mal-être au travail chez les salariés travaillant au siège de l’entreprise, composés de cadres et d’agents de maîtrise. Lors des visites médicales, ceux-ci font état de difficultés liées à la charge de travail, au manque de visibilité sur l’activité à moyen terme, à un changement de culture de l’entreprise et aux relations interpersonnelles. Les représentants du personnel craignent que ces situations, et l’absentéisme induit, n’entraînent des dysfonctionnements qui engendrent à leur tour une augmentation de la charge de travail, dans un « cercle vicieux » dangereux pour la santé des salariés.
Expertise CHSCT sur les risques psychosociaux
analyser les incidences de l’organisation du travail sur les conditions de travail et la santé des salariés, identifier les facteurs de mal-être et de souffrance au travail, examiner les mesures que devrait prendre la direction en vertu de ses obligations, aider le CHSCT dans sa mission.
Une équipe de deux intervenants a réalisé une analyse documentaire des éléments relatifs aux problématiques soulevées, puis des entretiens individuels et collectifs avec une quarantaine de salariés, y compris l’encadrement de proximité, au sein de cinq départements identifiés comme particulièrement concernés. Des entretiens avec les directeurs de départements, la Direction des Ressources Humaines, le Président du CHSCT, les représentants du personnel et le service interne de santé au travail ont permis de préciser les enjeux pour l’entreprise, les problématiques identifiées par ces différents acteurs et les réponses apportées jusqu’ici. Les conclusions de l’expertise ont été présentées sous forme d’un rapport écrit et d’une restitution au CHSCT.
L’intervention a mis en évidence l’exposition des salariés du siège à des facteurs de risques relevant de trois domaines : - Une amplitude importante du temps de travail, due à la charge mais aussi à une norme sociale implicite exigeant de se rendre disponible en dehors des horaires « normaux » de travail ; la charge étant elle-même alourdie par un manque de cadrage et de priorisation des missions, par la nécessité de pallier les absences, ainsi que par des espaces de travail peu propices à la concentration et des outils informatiques insuffisamment adaptés aux besoins ; - Des changements incessants d’organisation synonymes de pertes de repères, de complexification ou au contraire d’appauvrissement du travail et d’incertitude pour l’avenir, et dont la conduite en termes de communication, de concertation et de suivi est menée de façon inégale et sans cohérence d’ensemble ; - Malgré un attachement fort à l’entreprise, une fragilisation du sentiment d’appartenance et de la coopération du fait de pratiques managériales favorisant l’individualisme, d’une réduction de la visibilité sur les possibilités d’évolution professionnelle, et d’une diminution de la confiance des salariés dans la capacité de l’entreprise à élaborer une stratégie claire et respectueuse des valeurs affichées. Un an après l’intervention, ses conclusions sont utilisées pour élaborer un plan d’action annuel de prévention des risques psychosociaux prévoyant notamment une systématisation de la prise en compte du « facteur humain » dans les nouveaux projets, des analyses de charge de travail et un dispositif préventif de veille auprès des équipes.